Belgique: “95% violence, 5% Football” - 29/02/2012Source : http://www.dhnet.be
Confession d’un membre du BCS, la firm d’hooligans qui suit AnderlechtIls sont environ 350 à se retrouver à chaque match d’Anderlecht. Pas au Parc Astrid, une partie étant interdite de stade, mais dans les cafés à proximité de l’enceinte.
Eux, ce sont les membres du Brussels Casual Service. Depuis une bonne vingtaine d’années, ils perpétuent l’héritage légué par le feu O-Side. D’une manière différente.
“Moi, perso, c’était 95 % bagarre, 5 % foot”, ne cache pas Marc (prénom d’emprunt). “Je n’ai jamais été un grand fan. Je sais qu’on a gagné des titres, mais je ne sais pas combien exactement.”
La voix est posée, le débit régulier. Marc est à des années lumières de l’image que peuvent avoir certains des hooligans. Propre sur lui et diplômé d’études supérieures, ce quadra fait partie des leaders du BCS.
Lui comme les autres membres de sa génération est tombé dans la marmite quand il était petit.
Les hordes de hooligans venus d’Angleterre dans les années 80 ont exercé un pouvoir de fascination qui, malgré les années, reste vivace. “On a appris à avoir cette culture de la violence qui était en nous. Cette graine a éclos et elle est 200 % en moi.”
Elle l’a mené à faire le coup de poing un peu partout en Belgique et en Europe. Avec quelques conséquences fâcheuses. Certaines de ses escapades en France, au Danemark, en Suède et en Turquie se sont prolongées de deux ou trois mois, la faute à des incarcérations prononcées après des comparutions immédiates.
“En Turquie, c’était chaud” , se souvient-il. “Les prisons là-bas, c’est effroyable. L’odeur, l’hygiène. Rien que la bouffe, c’est immonde.”
En Belgique, Marc n’est jamais passé par la case prison, “grâce aux amendes administratives” , précise-t-il.
Des amendes qu’il estime à près de 30.000 euros. “Cela fait partie du budget familial” . Elles l’ont obligé à jouer carte sur table avec son entourage.
“De toute façon, tu ne peux pas le cacher à quelqu’un à ce niveau-là, à moins d’être un simple suiveur. Et encore, cela poserait quand même des problèmes.”
Mais au-delà des sacrifices financiers et des interdictions de stade qui l’empêcheront de revoir un match d’Anderlecht en championnat mais pas en Coupe d’Europe (ces mesures administratives ne couvrent que le territoire belge), Marc a dû également revoir son mode de vie. “J’ai choisi une voie professionnelle, mais la voie de mon hobby, enfin de mon style de vie l’a surpassée. Je me suis posé la question : “est-ce que tu es celui-là ou un autre ? Est-ce que tu continues ou est-ce que tu vis avec tes frustrations ?”. Je fais autre chose, je réussis bien dans ma vie et dans mon hobby, sans frustration. Professionnellement, la voie s’est tracée. J’ai su rebondir. Après, cela m’a fait perdre des choses au niveau des amitiés. Mais est-ce que c’étaient vraiment des amitiés alors ? Moi, je pense qu’il faut accepter les gens comme ils sont. Je n’ai pas l’impression que mon groupe d’amis a dû endurer des choses à cause de moi.”
Et si le passage de la quarantaine l’a poussé à réfléchir, il ne s’est pas posé de question bien longtemps. Hooligan un jour, hooligan toujours.